Chapitre 1: Le Barrage Vauban
Par Guy Trendel
Louis XIV annexe l'Alsace et Strasbourg
en 1681, la Ville Libre de Strasbourg dut capituler face aux troupes du roi de France Louis XIV. Aussitôt, les défenses militaires de la Ville furent renforcées par la royauté, d’abord pour contrer d’éventuels plans de reconquête de l’Empire Germanique, mais aussi pour surveiller une population strasbourgeoise qui n’était pas nécessairement ravie de son rattachement au royaume de France.
Pour les viticulteurs et les marchands de vin, d’énormes problèmes commerciaux surgirent avec l’Empire et les royaumes ennemis de la France, pourtant gros clients des vins alsaciens, comme l’Angleterre, les Pays-Bas, la Suède, etc.
Afin de renforcer les défenses des Ponts Couverts, la construction de la Grande Écluse fut confiée à l’ingénieur militaire Tarade par Vauban. Cette dernière devait permettre la fermeture des arches par des portes de fer, empêchant ainsi les eaux de l’Ill d’inonder les abords de la cité et de la rendre inaccessible.
En 1784, trois arches furent surélevées afin de faciliter le passage des eaux.
À la fin du XIXe siècle, l’ouvrage bénéficia d’une surélévation d’un étage en pierres et briques, recouvert d’un remblai de terre.
Des droits de douanes en 75 av JC
C’est donc par ce passage que les bateaux chargés de vins étaient acheminés, naviguant sur la Bruche ou l’Ill. Les vestiges archéologiques nous révèlent qu’en 75 avant Jésus-Christ, des droits de douane étaient déjà imposés sur les vins italiens transitant par Marseille, en direction du Rhin via le Rhône.
Il est également établi que la viticulture s’est étendue de Marseille aux territoires des Allobroges en Bourgogne, des Séquanes en Haute-Alsace et des Triboques en Basse-Alsace. Des pépins de raisin ont même été retrouvés dans le Palatinat, et jusqu’à Mayence !
Des fouilles archeologiques
Effectivement, les fouilles archéologiques à Strasbourg ont permis de mettre au jour des trésors insoupçonnés, dont sept tonneaux de vin en bois réutilisés de manière insolite : intégrés dans l’aménagement de puits !
Un exemple marquant est la découverte en 1923 d’un tel tonneau sous la cathédrale de Strasbourg, enfoui à 8,26 mètres de profondeur sous la tour. Ce tonneau remarquable présentait des fresques décoratives aux couleurs vives, représentant des raisins dans des tons rouges, roses, bleus et jaunes.
Au-delà de cet exemple précis, de nombreuses sculptures sur des thèmes liés à la production et à la consommation du vin ont été retrouvées dans la région, notamment à Gundershoffen et à Horbourg. Ces découvertes témoignent de l’importance de la viticulture dans l’histoire et la culture de l’Alsace, et ce, depuis des temps très anciens.
Ces tonneaux réutilisés et ces sculptures sculptées offrent un regard fascinant sur les pratiques et les traditions viticoles d’antan. Ils constituent des pièces précieuses pour comprendre l’histoire de la région et son lien étroit avec le vin.
Si vous souhaitez en savoir plus sur ces découvertes archéologiques et leur signification, je vous recommande de visiter le Musée historique de Strasbourg.
N’hésitez pas à me solliciter si vous avez d’autres questions sur ce sujet ou sur l’archéologie à Strasbourg en général
Les 1ers siècles
Dès le Ier siècle, la vigne est plantée en Alsace, comme en témoignent les écrits de l’époque. En 589, Grégoire de Tours mentionne la présence de vignes autour du palais royal de Marlenheim-Kirchheim, produisant un vin de qualité.
Par la suite, des enquêtes ont permis de retracer l’expansion du vignoble alsacien.
En l’an 800, on comptait déjà 108 villages viticoles, majoritairement situés le long des axes romains. Ce nombre a continué à croître au cours des siècles, atteignant 350 villages au début du XIVe siècle.
Ainsi, la viticulture s’est imposée comme une activité économique majeure en Alsace, façonnant le paysage et la culture de la région.
Vers les anciennes douanes
Après un premier contrôle, les bateaux en provenance du sud étaient dirigés vers les Grues, situées à hauteur de l’actuelle ancienne douane. C’est là que le déchargement pouvait avoir lieu.
Pour les vins transportés par charrettes ou en chariots, ils étaient dirigés vers le Marché aux Vins.